Atelier de critique Bizerte 2015. La question du racisme dans Rengaine de Rachid Djaidani par Salma Hammouda

Rengaine est un long métrage français réalisé par Rachid Djaïdani. L’histoire se déroule à Paris : Sabrina, une Maghrébine musulmane, et Dorcy, un Noir chrétien, veulent se marier. Sauf que leur mariage se heurte aux traditions selon Slimane, le frère de Sabrina, et selon la mère de Dorcy.
 
Le film évoque en grande partie le racisme. On le constate, entre autres, dans la scène de la rupture du jeûne dans la rue : Kamel, l’un des quarante frères de Sabrina, discute avec un ami noir du projet de mariage de sa soeur. Offusqué par l’attitude de Kamel, l’ami se met en quelque sorte à la place de l’amoureux de Sabrina et cherche à savoir s’il risque d’être rejeté comme lui. C’est ainsi qu’il amène Kamel à révéler son racisme. Ce qui est ironique dans cette scène, c’est que des Arabes comme des Noirs, victimes du racisme en France, peuvent se montrer eux-mêmes racistes les uns vis-à-vis des autres. C’est-à-dire que le fait d’être victime du racisme n’empêche pas d’être raciste à son tour.
 
Si, dans cette séquence, la question du racisme est traitée sur le mode de l’humour, il en va autrement ailleurs, notamment dans les séquences dans lesquelles  Slimane entonne sa rengaine : convaincre ses frères de s’opposer au mariage de Sabrina et Dorcy. Et il se trouve que le projet auquel il s’oppose le renvoie à sa propre situation : en effet, Slimane est amoureux de Nina, qui est juive, et a du mal à l’annoncer à sa famille. C’est aussi cet effet de miroir qui fait la force du film.

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