La démocratie au péril des médias et de l’argent ?

Il y a quelques jours, un grand magnat des medias a été mis sous mandat de dépôt, Nabil Karoui, pour ne pas le nommer. Triple alliance de l’argent (et de l’argent sale), des médias et de la politique… Encore un symbole de 2020, une année à nulle autre pareille.
Lors du dernier débat sur cette question (https://www.facebook.com/events/820043762110291), organisé par notre association, nous avons souligné que la question médiatique est l’impensé majeur de la « transition démocratique ».
La dérive a commencé dès le lendemain de la Révolution. Par naïveté ou par timidité les législateurs de l’heure ont commis un fâcheux contresens. Le décret-loi du 2 novembre 2011 relatif à la liberté de la communication audiovisuelle et portant création d’une HAICA a confondu la libération des ondes avec la libération de la parole. La question de de propriété des médias a été contournée. Malgré la confiscation de quelques stations réputées appartenir au clan du président déchu, le paysage a été reconduit quasiment en l’état. Mieux, le paysage télévisuel a été ouvert aux investisseurs dont pas mal de prédateurs anciens et nouveaux. La fameuse « liberté de communication audiovisuelle » a été implicitement soumise à la loi du marché et les chaînes traitées comme une vulgaire marchandise.
Un grand critique de cinéma et de télé, nous invitait naguère à inverser la transaction selon laquelle la télé, via la publicité, vend des produits à des télé-consommateurs : en fait, disait-il, elle vend un public à des annonceurs. Nessma, par exemple, a fait mieux : elle a mis un « quart monde » à la dévotion d’un parrain. Charité télé et politique… tout est business. Dans ce mélange des genres tout le monde trouve son compte sauf la démocratie.
Jamais les relations douteuses entre l’espace médiatique, le monde des affaires et la scène politique n’a été aussi manifeste. Jamais des pouvoirs censés être distants n’ont été aussi complices. Cette complicité est une lourde hypothèque qui pèse sur notre démocratie.
Nous continuons le débat, avec :
Mariem Bribri, journaliste militante dans la presse alternative.
Mouhab Ben Garoui « I Watch »

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