La gauche et l’islam politique face à la question sociale
La question sociale : une évidence identitaire pour la gauche ? Voire. Nombre d’observateurs ont diagnostiqué depuis longtemps deux traditions : celle attachée à la question sociale, qui a développé un discours radical aux relents jugés parfois populistes ; et celle qui célèbre avant tout les libertés au nom de la priorité de la lutte démocratique… quitte à « oublier le peuple ». Après la révolution, on ne peut que constater que l’ancienne extrême gauche a tendance à occuper une grande partie de l’espace dévolu à la vielle gauche, qu’elle affirme un discours social radical même si, pour des raisons historiques, elle peine à mobiliser le monde du travail et les milieux populaires.
L’islam politique, de son côté a longtemps été un populisme. La matrice « frériste » a produit des générations d’activistes dont l’initiation à la politique s’est faite auprès des pauvres et des milieux et régions oubliés par les choix développementalistes. En même temps, l’islam politique mainstream s’est toujours montré hostile aux doctrines socialistes et n’a cessé ces dernières années de souligner son adhésion à l’économie libérale. Dans le contexte de la post-révolution tunisienne, le réalisme de gouvernement dans un premier temps et par la suite les impératifs d’adaptation au nouveau contexte géopolitique et aux nouvelles alliances internes ont éclipsé les velléités de transformation sociale qui animaient une partie des dirigeants islamistes. Pourtant, le mouvement an-Nahdha apparait pour l’heure comme la seule formation populaire digne de ce nom.
C’est ce grand paradoxe : une gauche sociale peu implantée dans les milieux populaires et un islam politique en voie d’embourgeoisement tout en demeurant très populaire, que nous voulons interroger.
Pour cela, nous avons convié une figure de la gauche, Maher Hanin, aujourd’hui dirigeant du FTDES, et le chercheur Kacem Gharbi, en divergence avec an-Nahdha, dont il a été membre, sur la question sociale précisément.
Afin d’organiser l’échange, nous leur poseront les questions qui suivent :
- Quel projet social pour la gauche et pour l’islam politique aujourd’hui ?
- Quel impact, la Révolution a-t-elle eu le renouvellement – explicite ou implicite – de la pensée sociale de la gauche et de l’islam politique.
- Jemna a bousculé les lignes et remis la question sociale au cœur du débat politique. Quelles réflexions vous inspirent le « moment Jemna »