Bizerte 2013 : Sur la route… de quel paradis ?

Par Rimel Bourkhis
De prime abord, on se dit si l’on tient compte du titre Sur la route du paradis que le film de Uda Benyamina est euphorique puisque la route du paradis ne peut être douloureuse ou infernale. Mais Leila et ses enfants atteindront-ils ce paradis qui n’est autre que le lieu où se trouve le père : l’Angleterre ? Entre-temps, ils vivent dans un camp de Roms, font face à toutes sortes de difficultés : la mère doit subvenir aux besoins matériels de la famille, elle se bat comme elle peut, elle est confrontée par moments au manque de disponibilité, voire à l’abandon du mari et les enfants sont menacés, y compris à l’école. On se demande alors si le titre n’est pas ironique.
Le sujet est d’actualité puisqu’il est question de la situation des « sans papiers » à travers une histoire singulière qui aurait pu être traitée de manière tragique.
Par moments, on a l’impression que le film va basculer dans le drame notamment avec des scènes comme celle de la descente de police à l’école au début et la destruction du camp vers la fin. Cependant, une échappée momentanée ou un instant de joie vient apaiser la souffrance due à la précarité matérielle, à l’absence du père et à l’insécurité. Aux instants de malheur succèdent des instants de félicité et de plaisir vécus autour d’un gâteau d’anniversaire ou d’une promenade à vélo, promenade qui mène les démunis vers un paradis à leur taille.
Dans cet univers marqué par la précarité, deux figures émergent : celle de la mère et de la fille. La mère est présente à travers ses actions et sa lutte pour rejoindre son mari en Angleterre. Quant à la fille, elle s’impose par la force de son regard très expressif qui laisse deviner ses émotions après avoir lu la réponse de Mathieu à sa déclaration d’amour et aussi sa position ferme quand on lui impose de faire la manche. Ce regard est encore plus intense dans la séquence finale : il véhicule l’ordre qu’elle intime à sa mère terrifiée de se tenir à distance au moment où elle se fait embarquer avec son frère par les flics.
C’est sur cette séparation douloureuse de la mère et des enfants que s’achève le film dont la fin peut être qualifiée d’ouverte.

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