Les rencontres de Nachaz en période de confinement obligatoire (visioconférence)

 

Le contexte actuel, marqué par les contraintes des mesures de prévention de la pandémie du coronavirus, nous oriente, comme beaucoup de nos partenaires et amis, pour l’organisation d’une série de rencontres enregistrées et mises à la disposition du public à travers le net. Le contenu de nos débats sera lui-même infléchi et centré sur l’« étape d’après » qui décidera durablement de l’avenir du pays.

Contexte

Tout ou presque tout a déjà été dit à propos du coronavirus, la chose et son contraire. Qu’il vient bouleverser la vie des gens et des nations, des petites comme des grandes, qu’à l’image du capital, il ne connaît pas de frontière, qu’il est très fragile mais qu’il est très fort par sa vitesse de propagation. Qu’après lui, le monde ne ressemblera plus à ce qu’il était, mais paradoxalement aussi,on a dit qu’il ne provoquera pas de grands changements et que très vite l’ordre ancien reprendra sa place comme si de rien n’était, le capital et le néolibéralisme comme après chaque crise triompheront de nouveau, car il n’y  a pas d’autres alternatives, etc., etc.

A Nachaz aussi, le coronavirus a bouleversé nos habitudes, et nous sommes bien obligés d’adapter notre programme d’activités pour 2020 à une situation nouvelle et imprévue. Et d’abord, il s’est imposé à nous en infléchissant tous nos thèmes de débats préalablement prévus, en s’y infiltrant comme il fait pour les cellules qu’il colonise pour se démultiplier. Mais s’il nous impose certes le confinement,  il n’arrêtera pas cependant nos activités. Pour le contourner, nous procéderons par visioconférences et podcasts.

Ensuite, il nous offre cette opportunité de débattre de questions essentielles qu’il a ainsi révélées et jetées abruptement à la face du monde : sommes-nous tous égaux (ou également égaux) face à lui ? Le confinement décrété partout dans le monde est-il la solution ? Comment être solidaire avec son prochain (son voisin) sans prendre de risques pour les deux ? Distanciation physique ou distanciation sociale ? Peut-on continuer à vivre ensemble en ayant peur les uns des autres ? Comment expliquer ces comportements contradictoires que nous observons tous les jours, faits à la fois de générosité, de compassion, de solidarité, de courage, de sacrifice et de volontariat d’un côté, et de spéculation, d’enrichissement illicites et de détournement des produits alimentaires de première nécessité et de médicaments, équipements et nécessaires de santé… ?

Ladimension planétaire de la crise remet à l’ordre du jour également la question de l’économie morale face à l’arrogance de la science économique et de l’économie politique. Il est devenu évident que les critères de la croissance, de la compétitivité et du développement technologique ne suffisent plus à rendre compte de la vie commune.  L’humaine condition et le devenir de nos sociétés ne peuvent plus être envisagés comme des catégories comptables.

Le nouveau cours annoncé dans l’évolution du monde sera confronté à la résistance acharnée des oligarchies qui mènent le monde. Mais la tragédie planétaire que nous vivons marque le retour de l’Etat. Le destin du monde ne peut plus être confié à la « main invisible » (et aveugle) du marché.

Une sourde clameur court l’hémisphère (gauche). Comme au temps du New Deal ou de l’après-guerre le rôle régulateur, re-distributeur de l’État-providence, en un mot la dimension sociale de l’Etat, doit primer sur le profit. Les enjeux sont immenses :

  • La priorité aux services publics de la santé et de la recherche vs la médecine marchande pour les riches ;
  • La lutte contre la grande pauvreté vs l’enrichissement incommensurable d’une infime minorité ;
  • La souveraineté et l’indépendance véritable ou autonomie vs l’enrôlement dans la mondialisation libérale ;
  • La solidarité sociale à l’échelle locale comme à l’échelle globale vs l’égoïsme et la guerre économique de tous contre tous…

Axes de travail

Nos débats porteront sur toutes ces questions et interrogations que nous organiserons autour des questions indicatives suivantes :

  1. Les effets politiques de la crise
  • Quelle vision politique face à la pandémie ?
  • Quelle articulation entre les mesures contraignantes et les libertés ?
  • Gouverner autrement, s’opposer autrement ?
  • Et la société civile : repenser la solidarité contre le tout-charitable ?
  1. L’économie morale à l’ordre du jour ?
  • Relancer la croissance (ne dépassant pas le 1% et qui frisera les – 3%) ou repenser le développement ?Choisir l’humain ou l’économique ?
  • Comment l’Etat repensé peut-il lutter contre la corruption, l’évasion fiscale, etc. Moraliser les pratiques politiques et administratives ?
  • Laplace de l’agriculture et de la sécurité alimentaires
  • l’économieinformelle et le devenir des populations les plus fragiles ?
  • Revisiter les impensés : l’écologie, les migrants…
  1. Comment repenser le social ?
  • Quel audit social pour refonder la politique autour de la lutte contre toutes les inégalités ?
  • Quelles solidarités pour prévenir les violences de toutes sortes (sociales, communautaires, familiales, de genre …) dans un contexte anxiogène ?
  • Une autre politique culturelle : décentralisée et populaire.
  1. Qu’en est-il des médias ?
  • L’avenir des médias écrits ?
  • Réformer le paysage médiatique : lutter contre les lobbies politico-financiers
  • Un rôle social nouveau pour les intellectuels et les chercheurs en sciences sociales

La première de ces rencontres sera introductive et générale et touchera à l’ensemble des axes indiqués ci-dessus, en focalisant sur le rôle social de l’Etat, notamment au niveau des politiques économiques et sociales.

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