Les débats de Nachaz 16 juin 2017 : Le jihadisme vu autrement
Il n’est pas aisé de parler d’une position commune de la gauche vis-à-vis du phénomène jihadiste, en raison de la diversité des composantes de cette gauche et de la difficulté d’en dessiner les contours, voire d’en donner une définition satisfaisante. On rencontre sur cette question, des points de vue et des positions « de gauche » très variés, allant des explications socio-économiques, au rôle des puissances impérialistes dans la création et l’instrumentalisation du jihadisme, ou celui des apprentis sorciers des pétromonarchies. Certaines explications vont jusqu’à considérer le jihadisme comme consubstantiel à l’islam en soi et que la déconstruction du jihadisme passe par la critique de la religion elle-même.
On a longtemps vécu en Tunisie sur l’idée que nous étions immunisés contre cette maladie qui a frappé les autres sociétés arabes et islamiques, grâce au vaccin laïcisant et moderniste inoculé par l’Etat de l’indépendance à tout le corps social. Le voile du despotisme levé, nous avons découvert la triste réalité derrière l’illusion et réalisé le bénéfice que le despotisme a tiré du slogan de la lutte contre le terrorisme.
Toutes ces approches ne sont pas dénuées de pertinence ; certaines peuvent même paraître évidentes. Mais d’autres pistes sont ouvertes pour comprendre les ressorts cachés de ce phénomène, à commencer par les mécanismes et processus de sa construction et de sa structuration dans les consciences individuelles. Ces ressorts psychologiques individuels ne sont pas exclusifs du rôle de la communauté et de sa capacité de les intégrer et de les pousser jusqu’à leurs extrêmes limites. A l’occasion de cette rencontre, Nous avons choisi d’aborder la question sous un angle particulier de comprendre ce fléau qui apparaît comme une autre « exception tunisienne ».
Afin d’explorer d’autres pistes et de sortir des sentiers battus, nous avons invité Rim Ben Ismaïl, universitaire, psychologue et conseillère auprès de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT). Et afin d’enrichir les débats et d’élargir l’horizon des interventions, nous avons confié à le rôle de discutant à Kamel Zaghbani, philosophe et romancier.
Ce que nous attendons de ce débat comme des précédents et ceux à venir, c’est de mettre le doigt sur les points faibles, les lacunes ou dysfonctionnements de la gauche dans sa pensée, ses approches comme dans ses pratiques concrètes ; dans sa capacité à produire un récit attractif pour les jeunes, en particulier dans les milieux et les régions déshérités : un récit alternatif aux récits jihadistes et populistes qui ne cessent de se répandre.
Avec la participation de
Rim Ben Smaïl, Psychologue, conseillère auprès de l’OMCT
Kamel Zaghbani, philosophe et romancier