Ma Révolution à moi – Mohamed Khenissi

A-t-on le droit de parler de la révolution quand on a l’impression d’être passé à côté ? Comment en parler ? Il est primordial pour moi d’afficher d’emblée le lieu d’où  je  parle-écris, même si cela n’est pas forcément une garantie d’objectivité.
J’ai choisi de parler à la première personne par prudence, et je ne voudrais pas extrapoler à partir d’un vécu individuel, subjectif, bien que je sache que ce vécu est, relativement, partagé par un bon nombre de personnes de ma génération et de mon profil socioprofessionnel et intellectuel.
Je parle (en réalité j’écris), je témoigne à partir de la position-posture d’un ex-cadre de      l’administration tunisienne au moment de son départ à la retraite, avec une certaine mauvaise conscience de l’ex-militant de gauche, socialement établi depuis un certain nombre d’années et ayant bénéficié des avantages (légaux, et non usurpés, il faut le préciser tout de suite) de la fonction administrative d’un directeur. Avantages négligeables comparés à d’autres fonctions administratives, mais surtout comparés aux avantages illicites qui sont légion dans l’administration tunisienne sous Ben Ali. Mais avantages considérables vus sous l’angle de la misère de tous les déshérités du pays, des plus démunis qui ont fait la révolution !
Cependant, je parle-écris (je dis « je parle-écris » parce que j’ai l’impression que ce que je suis en train de faire s’apparente davantage à de la parole transcrite, l’impression d’écrire comme et au fur et à mesure que « ça me vient ». J’ai parlé de position-posture également parce que j’essaie dans ce que j’écris d’être objectif tout en sachant, que je le veuille ou non, que, consciemment ou inconsciemment, je me projette dans la lecture qui sera faite de mon texte et ainsi à l’image de moi que j’attends dans le regard du lecteur, en fait des lecteurs que je connais, qui me sont proches.) ; je parle-écris donc, aussi,  avec une certaine mauvaise bonne conscience minimaliste de celui qui a mené sa carrière professionnelle, sans jamais avoir abusé de son pouvoir, sans jamais avoir vendu son âme ni renié ses principes.
Cette mise au point faite, j’en viens à mon sujet.
L’impression d’être passé à côté, d’avoir manqué la révolution vient de ce je n’arrive pas à admettre que je n’étais présent dans aucun des grands moments qui ont jalonné l’avènement  éruptif  de la révolution. Ni le 17 décembre, ni le 14 janvier devant le ministère de l’Intérieur ! Ni Kasba 1, ni Kasba 2, ni kasba 3. Je n’étais pas non plus à Sidi Bouzid le 17 décembre 2011 pour commémorer le premier anniversaire du déclenchement de la révolution.
J’avoue aussi n’avoir pas été capable de scander avec la foule  l’hymne national  lors des quelques manifestations auxquelles j’ai participé. Je ne me l’explique pas vraiment ! Est-ce le sentiment coupable et le refus inconscient de participer sans le vouloir à la confiscation de la révolution par ceux qui ne l’ont pas faite (et j’en suis), à l’usurpation d’une identité qui n’est pas la mienne, l’identité du révolutionnaire ? Est-ce que je deviens, avec  l’âge et l’inconfort du doute presque érigé en principe, un iconoclaste radical et irréductible ? En tout cas quelque chose sonnait faux à mes oreilles et bloquait les sons dans ma gorge grippée ce jour-là ! Je me sentais comme en porte-à-faux avec la réalité ou plutôt le réel, décalé, comme celui qui se trouverait à sa fenêtre et se verrait dans le même instant défiler dans la rue. Très bizarre ! C’est terrible et pénible quand on commence à mettre de la distance, trop de distance, vis-à-vis de tout, y compris vis-à-vis de soi-même ! Cela mène tout le temps à tout relativiser, à enlever aux choses, aux idées, aux actes, aux symboles…, toute leur consistance, leur substance, j’allais dire leur âme, ce qui leur donne vie. Suis-je devenu nihiliste ?
Le 17 décembre 2010, j’étais loin de soupçonner que le destin de la Tunisie était en train de basculer, qu’une nouvelle étape de son histoire était en train de s’écrire devant mes yeux sans que j’y participe. J’étais à Tabarka pour animer un séminaire de formation, mais qui finalement n’a pas eu lieu.
Les informations sur les événements me parvenaient à travers facebook, cet outil  magique que j’appréhendais un peu à l’époque (en réalité aujourd’hui encore !) et de la chaine qatarie Al-jazira par la suite, ou par téléphone.
Je ne doutais guère  de la capacité du pouvoir à mater ce que je pensais être de simples mouvements sporadiques de protestation et de revendication sociales et je continuai à vaquer normalement à mes occupations professionnelles.
Comme la plupart des gens, je n’étais pas dupe de l’état de pourrissement de la situation politique ni de la place qu’occupait de plus en plus et de jour en jour la mafia familiale des Ben Ali et alliés dans l’administration du pays et de sa mainmise évidente, arrogante, choquante et éhontée sur les biens publics et privés et sur le destin des gens et du pays tout entier.
Par contre, j’étais loin de réaliser que la situation sociale de la population tunisienne, surtout dans les régions du sud et de l’intérieur du pays, touchait le fond et que la misère avait atteint l’ampleur que nous découvrons, incrédules, tous les jours, depuis la révolution. Oui, sur ce point, j’étais un peu dupe des chiffres officiels sur le taux de croissance de l’économie tunisienne, taux validés par les instances spécialisées et les agences de notation internationales et je pensais que le taux de chômage était maîtrisable.
Certes, j’étais conscient que le chômage des diplômés du supérieur devenait  endémique et préoccupant et qu’il menaçait, à terme, de faire éclater l’apparente et précaire « paix sociale » ; mais je pensais que le problème de la Tunisie était un problème de manque à gagner et que n’eût été l’avidité insatiable de la mafia qui nous gouvernait, l’économie tunisienne eût été en mesure de réaliser un taux de croissance à deux chiffres. Inutile d’ajouter que je me trompais complètement.
Ces « prudences » étaient sans doute une réaction à mes certitudes excessives d’antan : dans les années soixante-dix du siècle dernier, comme Gabin, « je savais tout » et je n’avais peur de rien ! J’étais étudiant en langue et littérature françaises à l’Ecole normale supérieure et le marxisme-léninisme-maoïsme me fournissait réponse à  tout et me prémunissait contre tout. J’avais la foi ! Dur de la perdre !
Et il est vrai que depuis ma sortie de prison en 1980, après près de six ans d’incarcération et une année de clandestinité parce que j’étais recherché par la police politique, je suis resté  un peu en marge de l’action politique militante, à part une brève activité syndicale dans les années 1980-90, ou quelques articles dans certains journaux et revues dans les années quatre-vingts (le Temps, le Maghreb, le Mensuel, Réalités, plus tard…) et de timides apparitions dans le cadre de la section tunisienne d’Amnesty international, à l’époque de sa fondation, ou de la Ligue tunisienne de défense des droits de l’homme et à quelques meetings d’ Attajdid et de la « Moubadara » à l’occasion des élections 2004 ; j’ai boycotté celles de 2009.
Je suis même, comme beaucoup, un peu, tombé dans le piège de l’épouvantail du « danger islamiste » brandi par le pouvoir de Ben Ali et cautionné par la plupart des gouvernements occidentaux et par certains intellectuels de gauche.
Je dois ajouter, cependant, que je n’ai jamais soutenu la répression des islamistes, ni du temps de Bourguiba ni de celui de Ben Ali ; mais leur projet de société me faisait peur. J’ai moins peur d’eux aujourd’hui qu’ils sont au pouvoir ! Pour les raisons suivantes :

  • Je suis convaincu qu’ils ont changé, comme a changé la gauche, au contact de la réalité et de la pratique militante, entre autre par les séjours obligés dans les prisons de Bourguiba et de Ben Ali. Non que la répression aurait des vertus recommandables ! Non qu’elle parvienne à ses fins : briser la volonté de combat et de résistance chez les militants et les amener au renoncement à leurs principes et idéaux ; cela n’a réussi ni avec la gauche ni avec les islamistes, à quelques rares exceptions près. Mais, je crois cependant que la prison permet d’avoir du recul, d’observer une certaine distance par rapport à l’expérience et par rapport à soi-même. Quand on a subi la torture, quand on a connu la dignité humaine bafouée, quelque part et toujours, ensuite, notre corps n’oublie jamais de nous les rappeler à notre esprit chaque fois que nous sommes tentés de les reproduire face à un être humain, fût-il notre pire « ennemi » !
  • La pratique du pouvoir quand il s’obtient par les urnes et lorsqu’en face la société civile est vigilante et je pense qu’elle l’est en Tunisie, vient à bout de tout maximalisme et oblige à redimensionner tous les projets idéologiquement « purs ».
  • Le visible, le palpable fait toujours moins peur que tout projet invisible.
  • Enfin, tout le monde le répète, depuis la  révolution le Tunisien a appris à ne plus avoir peur, pour toujours j’espère, mais certainement pour des années encore !

Je ne commençai vraiment à prendre la mesure de l’ampleur et de la gravité des événements qu’au début du mois de janvier 2010, lorsque les syndicats régionaux et les avocats s’impliquèrent directement et franchement dans le mouvement, et notamment suite au grand meeting syndical de Sfax et l’appel à la grève générale, adopté par le syndicat  régional de Tunis, bien que non revendiqué par la centrale syndicale qui se trouvait ainsi débordée par sa base et ses structures régionales.
Après les premier et second discours de Ben Ali, l’escalade de la révolte/répression devenait évidente et je craignis un vrai carnage ; le troisième discours, pathétique, signait à mes yeux la débâcle du régime. La révolution était bien là !
Comme beaucoup, j’espérais un changement pacifique et j’étais même prêt à croire aux réformes proposées lors du troisième et dernier discours. La fuite de Ben Ali me réjouissait et me libérait de ma peur, de la Peur ; Par contre, la vacance institutionnelle, les hésitations et les indécisions politiques des deux gouvernements Ghannouchi  devant la colère populaire, le sentiment d’insécurité, le banditisme et le vandalisme, les appels répétés, mais sans réponse, à la justice,  à l’identification des snipers et des responsables des meurtres…, me faisaient craindre le pire bien que j’aie appelé à les soutenir et applaudi à la participation du PDP et de Attajdid à ces gouvernements provisoires. J’ai soutenu et applaudi ensuite le gouvernement Caïd Essebsi et je lui ai sincèrement souhaité la réussite, comme aux deux gouvernements précédents, et comme à l’actuel gouvernement issu des premières élections libres et démocratiques, bien qu’il soit sous l’hégémonie de la Nahdha ; mon souci, à chaque fois était : comment passer sans trop de dégâts le cap difficile de la transition démocratique, comment épargner l’Etat, sachant qu’il n’y a pas de chemin tout tracé pour cela ni de recettes magiques, qu’il s’agissait tous les jours de manœuvrer à vue ?
J’écrivais plus haut que je m’étais libéré de ma peur ; en réalité, c’est faux, du moins c’était  plus compliqué ; je croyais m’être libéré d’une certaine peur, celle de la dictature, de la répression ! Mais, tout de suite après, presqu’en même temps, j’étais saisi par une autre peur, autrement plus insidieuse, la peur de l’inconnu, de l’après, du vide institutionnel, du chaos, de l’anarchie que je n’arrivais pas à qualifier de « créatrice » !
Je réalisai que j’avais peur de et pour la Révolution !
En fait, je voulais une révolution par étapes, par réformes successives, lisse, une révolution non violente, sans casse ! Autant dire une révolution programmée, planifiée, mise en scène dans tous ses détails ! Une révolution virtuelle, mais dont les résultats seraient quand même réels, tangibles !
La question qui m’obsédait était : à quel prix ?  Quel prix sommes nous  (suis-je ?) prêts à consentir pour garantir la transition démocratique ? Ce prix, je le souhaitais, le voulais proche du zéro- perte ou sacrifice !
Cette attitude est typique de la petite bourgeoisie intellectuelle qui, tout en aspirant au changement politique et social, n’en reste pas moins jalouse de son petit confort social, professionnel et matériel, si négligeable soit-il.  J’avais constamment peur qu’il n’arrive quelque malheur à ma petite famille, à mes deux filles, encore en bas âge. Je n’étais pas prêt à les exposer au moindre risque, au nom de la révolution !
C’est comme cela que j’explique, en partie, mon soutien à tous les gouvernements provisoires qui se sont succédé depuis le 14 janvier 2011 et mes réserves par rapport  aux « sit-inneurs » de Kasba 1, 2 et 3 pour lesquels j’éprouvais à la fois de la sympathie et de l’agacement. De la sympathie pour leur courage et leur bravoure, pour la flamme que je reconnais en eux, pour la promesse que ces jeunes ont représenté à mes yeux. Mais de l’agacement aussi, de peur qu’ils n’aillent trop loin, que leur action ne menace un certain ordre souhaité qui semblait progressivement revenir. De l’agacement certainement aussi parce qu’ils me rappellent le jeune militant que j’étais et que je ne suis plus.
Puis vinrent les élections pour la Constituante !
Participer, le 23 octobre 2011, aux premières élections libres de la Tunisie, fut pour moi, après le trauma/choc postrévolutionnaire, sans conteste, le moment le plus fort, le plus intense. Sensations proches de celles ressenties lors de cet instant fulgurant, mais fugace et jamais retrouvé depuis, des premiers jours de la révolution : sensations d’une fusion totale et non préméditée de tout un peuple, à  la découverte inespérée de sa citoyenneté !
Un an après, ni la joie et la fête ne semblent  gagner la rue ni le calme et la sérénité les esprits. Nous vivons toujours sous l’emprise du tourbillon de la révolution ; et je suis toujours dans l’incertitude ; une certitude tout de même : je ne regrette pas l’avant 14 janvier 2011.
Quant à mes incertitudes, elles sont nombreuses !
Je ne suis pas sûr que le régime de Ben Ali  tombât aussi facilement s’il n’a pas été lâché par l’armée bien sûr, mais aussi par une bonne partie des  militants et des cadres du RCD.
Je ne suis pas sûr que la Nahdha ait  gagné les élections uniquement parce que les modernistes s’étaient présentés aux élections en rangs dispersés.  Je pense qu’elle a su apporter une réponse rassurante aux attentes des classes populaires et moyennes, en se présentant à elles comme valeur refuge.
Je ne comprends pas pourquoi, et je m’interroge encore, une bonne partie des cadres moyens et supérieurs des administrations publiques, des banques et des milieux libéraux des affaires ait été séduite et comme tétanisée par le discours nahdhaoui. L’école publique « sécularisée », sous Bourguiba comme sous Ben Ali, n’a pu rien y faire, semble-t-il !
La crise de confiance dans les institutions et le sentiment de la dignité bafouée et celui de l’injustice humaine-inhumaine poussée à son comble durant cinquante ans d’arbitraire,  ont-ils précipité tous les « indignés », les « moins que rien », mais pas seulement eux, dans les bras de ceux qui leur ont promis  justice et reconnaissance « divines » et pour les autres offert la rédemption ?
Le régime de Ben Ali, comme celui de Bourguiba, qui n’étaient pas et ne sont pas toujours différents aux yeux de la Nahdha, sont mis sur le compte de la modernité ; et comme  celle-ci, la modernité, est incarnée, à leurs yeux, par l’Occident (qui a soutenu et  protégé les  deux dictatures), le pas est très vite franchi pour en conclure que les modernistes sont le suppôt de Satan. La suite, on la connaît !
La modernité et l’émancipation de la femme, reprises et galvaudées par le discours officiel ces dernières années, ont perdu de leur crédibilité et de leur impact au sein des larges couches populaires.
N’a-t-on pas surestimé l’enracinement et l’ancrage dans la société tunisienne des idées modernistes de Bourguiba, oubliant l’effet effaçant du temps et  celui des institutions de la république qui les ont dévoyées  et progressivement desséchées et vidées de leur substance ?
N’a-t-on pas continué à prendre nos désirs pour la réalité ? A-t-on tenu compte, dans nos analyses, de l’impact sur notre pays de facteurs mondiaux tels que la chute du mur de Berlin, le 11 septembre 2001, la guerre et l’occupation de l’Irak par les troupes USA et alliés, et plus récemment de la crise financière mondiale et ses conséquences ?
L’islam politique n’a pas triomphé en Tunisie uniquement ! Regardons partout, tout près et loin de chez nous ! Il est vrai que l’on se considérait, en Tunisie, un peu trop prétentieusement, à mon avis, comme l’exception arabe en termes d’immunité contre l’islam politique.  Le monde, du moins le monde arabo-musulman, n’est-il pas en passe d’essayer, après les échecs des idéologies et des régimes communistes, socialistes et nationalistes, avec leurs variantes, une autre réponse, qui n’a pas encore épuisé tout son crédit malgré ce que l’on sait des régimes islamiques iranien, soudanais, afghan, somalien…., au capitalisme mondial, libéral ou ultra-libéral qui semble se pérenniser en parvenant à bien gérer ses propres crises cycliques !
Je ne suis pas sûr que l’entrée de la Tunisie dans la modernité puisse s’achever, imprégner tout le tissu social et s’ancrer dans les mentalités et le vécu quotidien des Tunisiens en tant qu’individus et devenir irréversible sans que cela ne passe par le truchement d’un véritable renouveau de la pensée et la culture islamiques, sans que celles-ci n’intègrent la notion ou le principe de la laïcité ou de la sécularité dans leur fonctionnement théorique et dans leur approche pratique et pragmatique de la politique et de l’Etat.
Je ne suis pas sûr que l’on s’en tire à bon compte lorsque, dans le camp de l’opposition démocratique et moderniste ou progressiste, on simplifie les choses et on fait l’économie d’une analyse moins partisane et plus raisonnée, en interdisant a priori à la Nahdha toute possibilité de dynamique d’évolution dans le sens justement d’une pensée politique islamique moderniste, voire démocratique. Je ne suis pas sûr qu’on fasse bien lorsque certains font l’amalgame entre elle et les salafistes et vont jusqu’à considérer ces derniers comme son bras militaire. Qu’il y ait plus que de simples accointances, cela est évident ; mais, n’est-ce pas du même type que celui qu’on peut observer entre la gauche et l’extrême gauche, entre la droite et l’extrême droite partout dans le monde ? C’est vrai que par son attitude plus qu’ambiguë envers les salafistes (entre autres), la Nahdha au pouvoir met de l’eau dans le moulin de ses détracteurs.
La situation économique du pays est plus que préoccupante ; je ne comprends pas et je n’accepte pas que pour des considérations de politique politicienne et de calculs électoralistes, majorité et opposition, continuent à se jeter la pierre ! La situation du pays exige plus que jamais que dans chaque camp on cesse de s’attaquer à l’autre au lieu de s’attaquer aux vrais problèmes qui risquent de nous éclater à la figure à tous et plus vite qu’on ne le croit !

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