Quelle santé publique pour demain?
Covid-19, une pandémie comme une autre ?
Quelle santé publique pour demain?
L’association Nachaz-Dissonances organise sa deuxième rencontre-débat virtuelle sur les conséquences de la crise sanitaire du Covid 19. Une abondante littérature scientifique et pseudo scientifique a été produite là-dessus et est disponible dans les journaux, les revues scientifiques, les réseaux sociaux et tous les médias. En Tunisie, on est persuadé que l’on a bien su gérer la pandémie et que l’on s’en sort honorablement. Les autorités auraient pris la chose au sérieux et pris les mesures urgentes d’arrêt des cours et du confinement général assez tôt. Les compétences médicales et paramédicales auraient été vite et bien mobilisées. La discipline des citoyens et leur élan de solidarité auraient été exemplaires, etc. Nous n’avons pas été parcimonieux en auto-louanges. S’agit-il d’une fausse impression ? Les chiffres et les statistiques sont là, et nous placent parmi les pays qui ont le mieux géré la crise sanitaire.
Mais paradoxalement, la pandémie n’a-t-elle pas mis à nu de manière flagrante l’état de nos infrastructures sanitaires publiques désuètes, avec peu de moyens financiers, humains et un déficit en équipements. Pourtant, tout le monde connaissait cet état des choses. L’ampleur de la pandémie et les incertitudes sur son issue nous ont-ils fait prendre conscience de ce qui était évident et visible et partant, de l’impérieuse nécessité de revoir complètement nos politiques sanitaires publiques ? Avons-nous les moyens de le faire ? Ou bien sommes nous acculés à le faire parce que nous n’avons plus le choix ? Comment s’y prendre et à quel prix ? Quelles sont les mesures urgentes et quelles sont les stratégies à mettre en place pour le moyen et le long terme ? Comment répondre à l’urgence sans s’y enliser ?
Nous partirons, dans une sorte d’introduction au débat, d’un constat rapide de l’état des lieux au jour d’aujourd’hui pour mettre en évidence les points forts et les points faibles de la gestion de la pandémie. Nous insisterons davantage, dans une approche prospective, sur les politiques publiques à mettre en place en matière de santé publique et de protection sociale de la population tunisienne et particulièrement les classes et catégories sociales les plus démunies, les plus fragiles et les plus affectées par la crise sanitaire, économique et sociale due à la pandémie.
Nous n’aborderons pas toutes les questions liées à la sortie de la pandémie. Nous focaliserons plutôt sur celles liées aux stratégies politiques de la santé publique (à moyen et long terme), y compris la dimension protection sociale qui leur est indissociable et sur les mesures les plus urgentes et les plus prioritaires (le court terme).
Question introductive :
Comprendre rapidement ce qui nous arrive ?
Avons-nous réussi à bien gérer la pandémie ? Quels ont été nos points forts et nos faiblesses ? (3 mn par intervenant)
- Quelles politiques publiques de la santé à mettre en place ?
Réformes profondes, structurelles, l’Etat doit-il prendre pour un service public plus performant et plus accessible aux classes et catégories sociales les plus pauvres et les plus marginalisées ? Quelles complémentarités entre les pôles hospitaliers et de recherche (CHU) et le renforcement, la modernisation et la généralisation des unités et structures de santé publique de proximité (centres de santé de base, hôpitaux locaux…) afin de décentraliser les services de la santé publique et les rapprocher du citoyen de manière à toucher les coins les plus reculés du pays ?
- Corrélativement quel avenir pour la Sécurité sociale ?
Comment sortir du dilemme : assurer les équilibres (surtout financiers) des caisses ou garantir la couverture sociale pour tous ?
- Quid de l’Etat-providence ?
Un service public de la Santé en rupture avec le système à 2 vitesses existant, est-il envisageable sans des réformes globales touchant l’organisation de notre société et de notre Etat ?
Pour débattre sur ce sujet, nous avons invité Inès Ayadi, universitaire experte en économie de santé, Khélil Ezzaouia homme politique et ancien ministre des affaires sociales et Jawhar M’zid syndicaliste et militant de la société civile.
Le débat sera animé par Ahlem Belhaj, militante féministe et syndicaliste (secrétaire générale du syndicat des médecins hospitalo-universitaires).