Renouveler, rajeunir la gauche tunisienne. Détour par le Chili
Ouvrons nos fenêtres sur le monde ; ce mot d’ordre est aujourd’hui impératif. Dicté par la nécessaire humilité que le cours des événements ne cesse de nous signifier. La « meilleure constitution du monde » est aujourd’hui un vieux souvenir et « la révolution qui a étonné le monde » s’enlise dans le ridicule.
Et pourtant, une révolution a bien eu lieu et ouvert un horizon pour de véritables changements. La leçon chilienne est justement celle-là : il faut continuer d’y croire. La leçon chilienne ? Autant dire le contre-exemple chilien :
Au Chili, la gauche est (relativement) unie. Chez nous, elle est en miettes.
Au Chili, la gauche réfléchit. Chez nous, elle semble avoir les idées en horreur.
Au Chili, la gauche s’est dotée d’une nouvelle génération de dirigeants. Chez nous, la gérontocratie politique est la règle…
Il y a pourtant quelques similitudes dans la situation des deux pays : le populisme n’a pas épargné le pays d’Allende. Et jusqu’au premier tour des présidentielles de 2021, il avait le vent en poupe. Pour stopper la déferlante, il a fallu l’articulation d’une nouvelle radicalité (la rupture avec les compromissions néolibérales de la social-démocratie) et d’un sens aigu du pragmatisme politique et surtout la convergence des mouvements sociaux avec les nouvelles expressions civiques.
La Tunisie est aujourd’hui au cœur du moment populiste… Il faut faire en sorte que la sortie se fasse à gauche. A l’heure qu’il est, cela ressemble à une douce chimère. En tout cas, il va falloir beaucoup travailler et beaucoup méditer. Le détour réflexif par le Chili fait partie de cet effort.