Table ronde : le cinéma et la vie associative, 4ème session des Rencontres cinématographiques de Bizerte

Table ronde : le cinéma et la vie associative, 4ème session des Rencontres cinématographiques de Bizerte (2015) organisées par l’Association Bizerte Cinéma en partenariat avec l’association Aflam (Marseille) et l’association Nachaz

Par Tahar Chikhaoui, délégué général de l’association Aflam

Les problèmes des associations de cinéma, qu’elles aient pour vocation de produire des films amateurs ou non professionnels comme les associations de cinéastes amateurs ou de diffuser des films d’auteur, comme les ciné-clubs, sont nombreux. Nous nous arrêterons sur ce qui me semble aujourd’hui poser problème en particulier en Tunisie où le contexte politique a changé : quelle conception, quelles modalités d’organisation, quel fonctionnement adopter pour faire face aux nouveaux défis posés par les transformations sociales, culturelles, politiques, technologiques que connaît le monde du cinéma.
Il fut un temps où les associations fonctionnaient comme des structures alternatives, des poches de résistance, des lieux de refuge où le cinéma était utilisé comme un prétexte pour l’échange d’une parole contestataire, opposante ou révolutionnaire. Le cinéma devenant un prétexte, le texte disparaît. Il perd ce qui en fait un art, la force de ses résonances, sa capacité à exprimer justement ce qui dépasse non seulement les limites du permis (par le pouvoir) et du convenu (par l’opinion). L’originalité devient dès lors suspecte car elle dépasse également ce qui est correct et qui souvent fonde la pensée « révolutionnaire ». Pour régenter ce genre de parole, il faut une  « politique » de l’association, lieu d’un contre-pouvoir, qui dans une espèce de hantise du pouvoir, finit par se mettre à son diapason, à lui ressembler.
Cela a été souvent dit mais peut-être pas de façon franche, de peur de « faire le jeu » de l’ennemi. Aujourd’hui, le contexte a changé. La chape de plomb a sauté ; tout n’est pas possible évidemment mais une forme de liberté a été recouvrée.
De plus, le cinéma a changé presque de nature, dans ses frontières, dans son rapport aux autres arts, dans sa technique, dans sa fonction. Ce changement est difficile à formaliser mais nous pouvons percevoir certaines de ses manifestations à travers quelques œuvres qu’on se doit de montrer, de diffuser, d’accompagner et, quant il s’agit d’association de création, de s’en servir pour encourager la production non pas comme des modèles à suivre mais comme des balises, des points de repère. Or pour ce faire, il devient anachronique de se servir des associations comme par le passé. Comme l’objet même de nos activités, nos outils de travail devraient s’adapter à la nouvelle réalité, s’ouvrir à de nouvelles formes d’organisation. Mais comment ?
Le passage en revue de nos différentes expériences, le retour sur l’histoire de certaines expériences, les écueils auxquels nous demeurons confrontés du fait des vieilles habitudes, la difficulté de conformer nos méthodes à une réalité mouvante et souvent difficile à comprendre, la nécessité de mieux comprendre cette réalité, tout cela devrait faire l’objet d’un échange libre et courageux.

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