Bizerte 2013 : Waiting for P.O Box de Bassam Chekheis : L’inconscient au cinéma

Par Hakim Guesmi
On découvre un court métrage dont la simplicité nous incite paradoxalement à réfléchir à ses aspects abstraits. Deux personnages naïfs, Mostafa et Ayoub, dont on perçoit la ressemblance dès le début du film ont le même projet : ils ont un scénario prêt et cherchent encore les moyens de faire leur film. Au moment de leur entretien, les deux portent le même uniforme et ont chacun aux pieds une chaussure et une tong faisant partie de la même paire. Par moments, on a l’impression qu’ils sont perdus, l’un a été parachuté au milieu de nulle part et l’autre est constamment à la recherche du réseau pour pouvoir parler à sa mère dans des endroits parfois isolés. Ce qu’on entend et ce qu’on voit ressemble  à une communication étrange. Ce sont des situations qui se font écho et qui sont un peu surréalistes. La blessure au nez de Mostafa, au début du film, est peut-être une blessure morale. Le parachute  qu’il traîne peut être la traduction en image d’un fardeau dont on ne sait que faire. La difficulté d’Ayoub à détecter le réseau pour pouvoir parler à sa mère peut être lue comme la transposition d’une communication difficile, sinon impossible. L’accident de voiture est sans doute dû à un sentiment d’inquiétude qui travaille les deux personnages par rapport à leur projet de film et la peur d’un ratage possible. Et peser des oranges, c’est peser les chances de réussite de ce projet.
Non seulement le film raconte un rêve mais il fonctionne également comme un rêve ; il raconte le contenu latent uniquement à travers le contenu manifeste.

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